13
Le mal est dans les yeux de celui qui regarde.
Spider Nervi
Assistant particulier du Directeur.
Les lumières avaient été soigneusement tamisées dans le salon holo du Directeur et un spot éclairait spécialement son visage de bas en haut avec pour effet de grandir Flatterie, qui dépassait déjà d’une tête la moyenne des Pandoriens. Cela ajoutait à sa stature un caractère martial qui n’était pas pour lui déplaire.
Un boîtier vide de cassette holo était posé en équilibre sur le bras rouge de son fauteuil inclinable préféré. L’étiquette fluorescente indiquait : « Détruire après lecture », avec la mention manuscrite : « Le Dir. et S. Nervi seulement ». Au-dessous était apposé un tampon en lettres noires : « Peine maximale ». Flatterie sourit devant l’euphémisme. Sous sa direction, tous ceux qui violaient l’interdiction « maximale » devenaient des sujets d’entraînement pour les interrogatoires conduits par les élèves de Spider Nervi. Et le travail de la sécurité n’était pas joli à voir.
— Monsieur Nervi, fit-il avec un bref hochement de tête.
— Monsieur le Directeur.
Comme à l’accoutumée, le visage de Spider Nervi était hermétique, même avec la formation spécialisée de Flatterie en tant que Psychiatre-aumônier. Nervi s’était présenté devant lui aux aurores blêmes, toujours efficace mais sans hâte, vêtu d’un élégant costume d’intérieur gris de coupe sirénienne.
— Zentz ne les a pas encore retrouvés, lui dit Flatterie d’une voix sèche qui trahissait plus d’irritation qu’il ne l’aurait souhaité.
— C’est Zentz qui les a laissés s’enfuir, répliqua Nervi.
Le Directeur émit un grognement. Il n’avait pas besoin de ce rappel, particulièrement de la part de Nervi.
— C’est à vous de les retrouver, dit-il en agitant l’index. Ramenez-moi la fille et tirez tout ce que vous pourrez des autres. Gardez Ozette pour la bonne occasion. C’est lui qui se trouve derrière cette Voix de l’Ombre et il faut la faire taire tout de suite.
Nervi hocha la tête, pour signifier que le pacte était conclu. La question du paiement serait évoquée plus tard, comme d’habitude. Les exigences de Nervi demeuraient toujours dans des limites raisonnables, même pour des affaires difficiles, parce qu’il aimait son métier. Et sans le Directeur, il n’aurait pas l’occasion de le pratiquer souvent.
Tout art a besoin d’un support, se dit Flatterie.
— Le terrain d’aviation est sous notre contrôle, déclara Nervi. On leur avait préparé la voie, à l’aide d’une demi-douzaine de complices. Nous avons la situation en main. Nos agents ont été efficaces. Les hommes de Zentz ont mis en action les rouages habituels au village. Ils vont être forcés de transporter la fille ailleurs. La voie de terre est exclue. Ce serait de la folie pure. Il ne reste que la mer, avec une bonne diversion au moment du départ. À mon avis, ils choisiront Victoria. La tactique la plus payante pour nous est d’attendre afin d’élargir le plus possible le coup de filet, qu’en pensez-vous ?
— Vous faites surveiller les quais ?
— Bien entendu. L’hydroptère de l’holovision est sous surveillance électronique, par mesure de précaution. Vos moniteurs sont reliés au système. (Il jeta un coup d’œil à la montre de la console.) Vous devriez recevoir les images d’un instant à l’autre.
Flatterie changea nerveusement de position sur son fauteuil de commande, trahissant sa nervosité à l’idée de ne plus contrôler les opérations. Nervi précédait ses mouvements et il n’aimait pas trop cela.
— Eh bien, fit-il en se fendant d’un sourire. C’est du très beau travail ! Ils seront bientôt à nous, et vous serez récompensé pour cela. Zentz se plaint que vous lui prenez ses meilleurs hommes, mais au moins le boulot est fait.
Il frappa le dessus de la table du plat de la main, sans cesser de sourire.
L’expression de Spider Nervi n’avait pas changé et il demeurait silencieux. Sa seule réaction avait été un imperceptible hochement de son horrible tête. Elle était plus ou moins normale de forme, mais à la place du nez s’ouvrait une fente visqueuse. Sa peau foncée était parcourue par un réseau saillant de veines rouges luminescentes. Ses yeux noirs, auxquels rien n’échappait, étincelaient.
— Que voulez-vous faire de cette Tatoosh ? demanda-t-il enfin. Flatterie sentit son sourire s’étioler. Il s’efforça de le reconstituer.
— Béatriz Tatoosh nous est utile, dit-il. Elle a une passion pour le Projet Spationef que nous pourrions mettre à profit. Je sais, ajouta-t-il en levant la main pour prévenir une interruption de Nervi, ce que vous êtes en train de penser. Cette petite aventure entre Ozette et elle. Il y a plus d’un an qu’elle est terminée.
— Ce n’était pas une « petite aventure », interrompit tout de même Nervi. Cela a duré des années. Ils ont été blessés ensemble lors de la révolte des mineurs, il y a deux ans…
— Je connais les femmes, murmura Flatterie d’une voix sifflante, et vous pouvez être certain qu’elle le haïra pour ce qu’il a fait. S’enfuir avec une femme plus jeune… saboter l’holovision et le Projet Spationef… A-t-elle diffusé le communiqué tel qu’il a été rédigé hier soir ?
Nervi hocha la tête et garda le silence.
— Elle sait aussi bien que nous qu’en associant le nom de Ben Ozette à cet enlèvement, nous lui donnerions une popularité et une crédibilité qui ne sont pas souhaitables. Tout est fini entre eux et, dès que nous contrôlerons la situation, tout sera fini pour Ozette. De toute manière, Béatriz Tatoosh se trouvera cet après-midi à bord de la station d’assemblage orbitale et nous ne l’aurons plus sur le dos.
Comme Nervi gardait toujours le silence, le Directeur se frotta les mains d’un air réjoui en disant :
— Je vais vous montrer maintenant comment je tiens le varech à distance depuis deux ans. Vous savez que c’est un sujet délicat pour la population, il a fallu chaque fois une véritable catastrophe pour convaincre les gens de la nécessité de l’élagage. En fait, il y a longtemps que la volonté du varech a été brisée grâce aux recherches de nos labos sur Orques. Trop compliqué à expliquer en détail, mais il suffit de savoir que ce n’est pas une question purement mécanique, comme le détournement des courants ou des choses de ce genre. Grâce aux recherches sur les neurotoxines, nous avons directement accès à ses émotions. Vous vous souvenez de ce gisement de varech au large de Lilliwaup, celui qui avait abrité un commando des Ombres ?
— Je m’en souviens, fit Nervi en hochant la tête. Vous aviez dit : « Pas touche » à Zentz.
— C’est cela, dit Flatterie.
Il se redressa dans son fauteuil inclinable et leva le dossier à la rencontre de son dos. Il programma le système holo. Automatiquement, les lumières baissèrent. Entre les deux hommes, au centre de la salle, apparurent en miniature plusieurs vues d’un avant-poste Sirénien sous la mer, une station d’observation du varech implantée en bordure d’un gisement d’importance moyenne. Les lumières du varech clignotaient dans les profondeurs sous-marines aux abords de la station. Celle-ci avait été bâtie au sommet des ruines d’un vieil Oracle.
Ces Oracles, comme les appelaient les Pandoriens, étaient les points où le varech enfonçait ses racines dans la croûte de la planète elle-même. À cause de la profondeur incroyable qu’atteignaient ces racines âgées de trois cents ans et de l’habitude que les anciens Siréniens avaient de les planter en ligne droite, la croûte de Pandore se fracturait souvent à leur emplacement. C’étaient ces séries de fractures qui avaient donné naissance aux nouveaux continents et aux archipels rocheux de Pandore.
Les jardins privés de Flatterie, le « Parc », se trouvaient sous terre, dans une caverne qui était un ancien Oracle. Flatterie avait fait brûler par ses gens une racine épaisse de trois cents mètres afin de laisser le champ libre à ses paysagistes.
Trois vues devinrent nettes sur le plateau holo devant les deux hommes. La première montrait l’intérieur de la station, où un Sirénien au crâne dégarni s’activait devant son pupitre de commande. La seconde, extérieure, était centrée sur l’entrée du sas principal. La troisième, également extérieure, offrait un panorama de la masse grise du varech, à l’arrière de la station. Le Sirénien paraissait extrêmement nerveux.
— Ses enfants sont partis nager au milieu du varech, expliqua Flatterie. Il est inquiet. Leurs poissons à air n’ont pas été remplacés. Ils ont tous pris scrupuleusement leur antidote. Le varech, traité avec mon nouveau mélange, manifeste une attirance morbide pour l’antidote.
On apercevait de temps à autre les enfants nageant parmi les thalles du varech. Ils se déplaçaient avec une lenteur onirique, bien plus lentement que les mouvements de l’eau ne le demandaient, avec des gestes qui ne ressemblaient pas du tout aux brasses de grenouille habituelles aux enfants.
Le Sirénien mit en marche un signal modulé qui s’arrêta au bout de quelques battements.
— C’est la troisième fois qu’il sonne le « rassemblement », murmura Flatterie.
L’attente de la suite le rendait incapable de rester en place.
Le Sirénien s’adressa à une femme vêtue d’une combinaison de travail encore mouillée. Elle venait de passer sa journée à établir des connexions avec le varech pour le Contrôle des Courants.
— Linna, lui dit-il, je n’arrive pas à les faire sortir du varech. Ces poissons à air vont bientôt être vides… Que se passe-t-il là-bas ?
Elle était maigre et pâle, un peu comme son mari, mais son regard était absent, hébété. La plupart des gens qui travaillaient aux avant-postes ne portaient pas leur combinaison sous-marine quand ils étaient à l’intérieur. Elle revenait d’un endroit situé à la lisière de ce que les Siréniens appelaient le « Secteur bleu ».
— C’est peut-être le contact, dit-elle. Il a un contact… spécial. Tu ne travailles pas là-bas, tu ne peux pas te rendre compte. Il n’est plus froid et visqueux, comme avant. Il est devenu… je ne sais pas…
Elle hésitait et Flatterie distingua, même sur son image holo, une rougeur sur ses joues.
— Devenu quoi ? demanda le Sirénien.
— Je… depuis quelque temps, chaque fois qu’il me touche, ça me fait la même impression que quand c’est toi… dit-elle, et son rougissement accentuait la blondeur de ses cheveux épais. Ça me fait tout chaud à l’intérieur. Je me sens vibrer de partout.
Il émit un grognement indistinct en la regardant de côté, puis soupira.
— Où sont passés ces moutards ?
Il scruta, à travers le plaz, les profondeurs troubles qui entouraient la station. Flatterie n’apercevait plus les enfants. Il ressentait presque de l’exultation devant l’appréhension grandissante du Sirénien.
Celui-ci lança de nouveau le signal modulé à partir de sa console et le voyant lumineux correspondant clignota en phase. Il toucha l’écran du doigt.
— Ils étaient juste là, balbutia-t-il. C’est complètement dingue. Je lance l’alerte rouge.
Il déverrouilla l’unique manette de sa console que tous les responsables des avant-postes appréhendaient d’avoir à baisser un jour. L’alerte rouge signifiait que le Contrôle des Courants, à bord de l’Orbiteur, et le Centre de Communications, à la base sirénienne la plus proche, seraient prévenus que la station courait un danger imminent.
— Vous voyez ? dit Flatterie. Il commence à saisir le topo.
— J’y vais, annonça le Sirénien à sa femme. Tu ne bouges pas d’ici. Tu as compris ?
Elle ne répondit pas. Elle demeurait hébétée, les yeux fixés sur les thalles bleus du varech, atteignant par endroits cinquante mètres, qui se tendaient dans la direction de la station.
Le Sirénien prit un poisson à air dans l’armoire située près du sas et passa une ceinture porte-outils autour de sa taille. Il saisit ensuite un élagueur à laser à très longue crosse et une série de recharges. Puis il parut se raviser et retourna chercher tout le chapelet de poissons à air, ces ouïes symbiotiques dont se servaient les Siréniens pour filtrer l’oxygène de la mer et le faire passer directement dans leur système sanguin.
Ces choses sont vraiment répugnantes, se dit Flatterie avec un frisson.
Machinalement, il se frotta le cou à l’endroit où les poissons à air étaient généralement fixés.
Une fois à l’extérieur, le Sirénien dirigea le faisceau de sa torche vers le gisement de varech à peine visible en bordure du périmètre de l’avant-poste. L’enregistrement avait été fait au crépuscule et la lumière faiblissante qui descendait de la surface, conjuguée avec la distance, assombrissait la représentation holo et rendait presque impossibles à distinguer les détails du visage de l’homme. La chose était un peu décevante en regard de la qualité du reste.
Lorsque le Sirénien atteignit la limite du varech, à portée des thalles les plus longs, il se retourna, alerté par le sifflement de la porte étanche. Il vit sa femme qui nageait lentement vers la masse du varech et l’air de la station qui s’échappait en bouillonnant vers la surface. Il dut se rendre compte, en voyant l’eau s’engouffrer à l’intérieur du poste par l’ouverture non verrouillée, que tout était fini. L’enregistrement cessa.
Flatterie coupa l’enregistrement holo et ralluma la lumière. Nervi demeurait impassible. Son monstrueux visage n’avait pas changé d’expression.
— Ainsi, le varech les a attirés à l’extérieur pour les dévorer ? demanda-t-il.
— C’est à peu près cela, oui, dit Flatterie.
— Il obéissait à un ordre ?
— Exactement. Un ordre de moi.
Flatterie vit avec plaisir le sourire qui s’ébauchait sur les lèvres de Spider Nervi. C’était un luxe qu’il ne s’accordait pas souvent.
— Nous savons tous les deux ce que la rumeur publique en fera, continua le Directeur en se rengorgeant légèrement. Elle demandera vengeance. Mes hommes seront forcés, sous la pression populaire, d’élaguer ce gisement. Vous voyez le travail ?
— Très habile. J’avais toujours cru…
— Je sais, dit Flatterie. Et vous n’êtes pas le seul. Le varech a toujours été, comme vous le savez, un sujet extrêmement délicat. Avec des implications religieuses et tout le reste…
Il accompagna ces mots d’un nouveau geste dédaigneux. Le Directeur ne pouvait s’empêcher de frimer.
— J’avais deux tâches à mener à bien, reprit-il. Premièrement, m’emparer de la direction du Contrôle des Courants ; et deuxièmement, découvrir le point à partir duquel on peut dire que le varech devient conscient. Je ne dis pas nécessairement intelligent, mais simplement conscient. Lorsqu’il commence à lâcher ces fichues poches à air, il est trop tard. La seule solution est alors de l’exterminer. Mais en faisant cela, nous perdons le travail de plusieurs années passées à aménager les couloirs de circulation.
— Quelle est la clé, alors ?
— Les lumières, dit Flatterie en montrant, à travers sa large baie de plaz, la masse de varech qui commençait un peu plus loin que la ligne de marée. Quand il commence à clignoter, cela signifie qu’il s’éveille. Il est comme un bébé et ne fait que ce qu’on lui ordonne. Le langage qu’il comprend est chimique et électrique.
— Et les ordres, c’est vous qui les donnez ?
— Bien entendu. Pour commencer, il est absolument nécessaire de lui éviter tout contact avec les autres bancs de varech. C’est indispensable. Ils s’éduquent les uns les autres, par contact. Nous devons nous assurer que les couloirs entre deux formations de varech demeurent très larges. Un kilomètre au minimum. Cette maudite chose est capable d’apprendre à partir de fragments de thalles provenant d’autres gisements. Heureusement, les informations disparaissent très vite. En général, un kilomètre suffit largement.
— Mais comment faites-vous pour lui… enseigner ce que vous voulez ?
— Je n’enseigne rien. Je manipule. C’est une méthode très ancienne, mon cher Nervi. Et qui a fait ses preuves. Tout simplement, les êtres sont attirés par le plaisir et repoussés par la douleur.
— Comment réagit-il devant cette espèce de… trahison ? Flatterie eut un sourire.
— Je vois. La trahison, c’est une chose que vous connaissez bien, n’est-ce pas ? Mais c’est très simple. Une fois élagué et maintenu au stade de la formation des lumières, il ne se souvient plus de beaucoup de choses. Nos recherches ont montré qu’il est capable de se souvenir si on le laisse atteindre le stade de la sporulation. Vous venez de voir sa réaction. Il ne faut jamais le laisser arriver jusque-là. Les études montrent aussi que la poussière de spores émise à ce stade possède le pouvoir d’éduquer un gisement ignorant.
— Je pensais qu’il ne s’agissait que d’une nuisance. Je ne m’étais pas rendu compte que vous lui prêtiez vraiment la faculté de penser.
— C’est pourtant l’exacte vérité, mon cher Nervi. N’oubliez pas que je suis un Psychiatre-aumônier. Que je ne prie jamais ne signifie pas… Disons que toute forme de pensée m’intéresse. De même que toute volonté qui se dresse en travers de mon chemin. Et ce varech fait les deux.
— Vous le considérez peut-être comme un adversaire digne de vous ? demanda Nervi avec un sourire.
— Pas le moins du monde ! répliqua Flatterie en éclatant d’un rire rauque. Digne de moi ? Il faudra que ce végétal en fasse un peu plus avant que je le considère comme un adversaire à ma hauteur. Mais le problème qu’il pose est intéressant et appelle des solutions intéressantes.
Nervi se leva et la texture craquante de son costume gris accentua la fluidité des muscles que le tissu recouvrait.
— À chacun son problème, dit-il. Le mien, c’est Ozette et la fille.
Flatterie réprima de justesse le réflexe de se lever et salua d’une main molle en affectant une nonchalance qu’il ne ressentait pas du tout.
— Bien sûr, bien sûr, dit-il.
Il évita d’avoir à soutenir le regard de Nervi en allumant le récepteur holo. Il le régla sur le bulletin d’informations que Béatriz Tatoosh était sur le point de diffuser. Elle prendrait ensuite la navette à destination de l’Orbiteur en même temps que le N.P.O. destiné à la nouvelle nef spatiale. Déjà, le N.P.O. n’était plus pour lui qu’une machine et non une personne qui portait le nom d’Alyssa Marsh.
Il sentait quelque chose bouillonner en lui. Il avait attendu davantage de Nervi. Quelque chose qui eût ressemblé, dans la circonstance présente, à de l’approbation. Il n’aimait pas déceler en lui-même ce genre de faiblesse. Mais il aimait encore moins l’idée de le laisser passer sans tenter de le contrôler.
— Naturellement, si vous avez besoin de quelque chose… Il laissa les évidences informulées.
Nervi se contenta de hocher la tête sans rien formuler du tout et quitta le salon. Flatterie se sentit soulagé mais réprima aussitôt ce sentiment. Éprouver du soulagement signifiait qu’il commençait à trop se reposer sur Nervi alors qu’il savait parfaitement que se reposer sur qui que ce fût signifiait, tôt ou tard, avoir le couteau sous la gorge. Et il n’avait pas l’intention de tendre sa propre gorge à quiconque.